LA CAPITULATION ALLEMANDE DE MAI 1945


La Porte de Brandebourg, Berlin, 2/3 mai 1945

Photo : Iwan Schagin, Museum Berlin-Karlshorst

LA FIN DE LA GUERRE

La Seconde Guerre mondiale se termina par la capitulation de l’armée allemande en mai 1945 qui marque la défaite définitive de la dictature national-socialiste. La défaite militaire et politique totale du « Troisième Reich » était le but suprême des adversaires alliés de l’Allemagne.

La défaite allemande s’accéléra rapidement sur le plan militaire pendant l’été 1944. Le 22 juin, l’Armée rouge lança une grande offensive dont l’armée allemande du front est ne se remit plus. Deux semaines auparavant, le 6 juin, les troupes alliées avaient débarqué en Normandie dans le cadre d’une gigantesque opération. L’Allemagne se trouvait désormais prise entre deux fronts. A partir d’octobre 1944, les combats eurent lieu sur le sol allemand. Le 25 avril 1945, les troupes américaines et soviétiques firent leur jonction près de Torgau sur l’Elbe.

Berlin fut conquis par l’Armée rouge. C’est à la mi-avril que commença l’assaut de Berlin. A l’issue de combats de rue acharnés avec de nombreux morts de part et d’autre, la capitale allemande capitula le 2 mai 1945.

 


«Drapeaux» blancs faits avec des draps, des mouchoirs, etc., en signe de capitulation, Berlin, avril/mai 1945

Photo : Arkadij Schaikhet, archives privées de Marija Shotikova

Photo de groupe avec colonne de la Victoire : soldats soviétiques devant leur char après la capitulation de Berlin, Berlin-Tiergarten, début mai 1945

Photo : Timofej Melnik, Museum Berlin-Karlshorst

FIN DE LA GUERRE À BERLIN

Le 21 avril, des unités soviétiques entrèrent dans Berlin par l’est et pénétrèrent progressivement jusqu’au cœur de la ville. Elles se heurtèrent à une résistance acharnée à l’intérieur de la petite ceinture. Les dix jours de combats urbains firent un grand nombre de victimes. Ils coûtèrent la vie à près de 80 000 combattants de l’Armée rouge. Du côté allemand, quelque 20 000 soldats et 30 000 civils furent tués.

Dès le 24 avril, le colonel général Bersarine fut nommé premier commandant soviétique de la ville de Berlin. Dans un premier temps, il installa son quartier général dans le mess des officiers de l’école du génie militaire à Karlshorst. Puis début mai, lui et son état-major déménagèrent à Friedrichsfelde.

Bersarine décida d’organiser sur-le-champ un approvisionnement alimentaire provisoire et la remise en état des infrastructures. Par ailleurs, il assura la mise en place d’une nouvelle administration municipale et de la vie culturelle. Il donna des ordres pour faire en sorte d’empêcher les agressions, les pillages et les viols commis par les soldats soviétiques.

Les commandants militaires nommés dans les différents arrondissements de la ville furent épaulés par des communistes en exil regroupés sous le nom de « groupe Ulbricht » et venus par avion de Moscou. Début juillet, les quatre puissances victorieuses prirent possession de leurs secteurs d’occupation respectifs à Berlin.

 

Blessés devant l’hôtel Adlon, 2 mai 1945

L’hôtel Adlon abritait un hôpital d’urgence. Lorsqu’il prit feu au cours d’un pillage par des soldats soviétiques, le personnel médical soviétique et allemand évacua les blessés dans la rue.

Photo : Iwan Schagin, Museum Berlin-Karlshorst

Le commandant soviétique de la ville, le colonel-général Bersarine, quittant la Kommandantur, Alt-Friedrichsfelde 1, Berlin, mai 1945

Photo : Jewgenij Chaldej, bpk Bildagentur, Berlin

PREMIÈRE SIGNATURE DE LA CAPITULATION À REIMS

Adolf Hitler se suicida le 30 avril 1945 à Berlin. Auparavant, il avait choisi pour successeur le grand amiral Dönitz. La situation étant désespérée sur le plan militaire, Dönitz tenta de négocier une reddition partielle avec la Grande-Bretagne et les États-Unis. Il envoya le général Jodl à titre de chef d’ état-major de l’ armée allemande au quartier général des troupes alliées occidentales dans la ville française de Reims.

Le général américain Eisenhower n’ y vit qu’ une tentative de faire sauter l’ Alliance. Il maintint son exigence d’ une reddition immédiate et inconditionnelle à toutes les troupes alliées. Dönitz dut céder et c’ est dans les premières heures de la matinée du 7 mai à Reims que fut conclue la reddition inconditionnelle de toute l’ armée allemande.

Tous les participants s’ accordèrent dans un procès-verbal additionnel que la capitulation devrait être ratifiée dans un deuxième acte par des officiers allemands de rang plus élevé.

Pour garantir la cessation immédiate des combats, le président américain Truman et le premier ministre britannique Churchill annoncèrent la capitulation le lendemain. Elle prit effet le 8 mai 1945 à 23h01 (heure d’ Europe centrale) sur tous les fronts.


Signature de la capitulation allemande, Reims, 7 mai 1945

Le chef d’ état-major de l’ armée allemande Jodl (au centre, au premier plan) avec le chef d’ état-major du quartier général des forces alliées en Europe du Nord et occidentale, le général Smith (à la table derrière 3e en partant de la gauche), l’ officier de liaison soviétique, le général de division Sousloparov (5e en partant de la gauche) et le représentant de l’ armée française, le général de division Sevez (2e en partant de la gauche)

Photo : inconnu, bpk Bildagentur, Berlin

Engagement de signature de l’acte de capitulation

Archives militaires des Archives fédérales, Fribourg-en-Brisgau

DEUXIÈME SIGNATURE À BERLIN

Le deuxième acte de capitulation était la partie la plus importante sur le plan formel de la capitulation totale de l’ Allemagne. En effet, à Reims du côté allemand, ce n’ étaient pas les généraux qui avaient la responsabilité opérationnelle réelle sur l’ armée allemande qui avaient signé la capitulation. Les Britanniques surtout craignaient donc que les chefs militaires allemands fussent tentés de rejeter la responsabilité de la défaite, comme ils l’ avaient déjà fait à la fin de la Première Guerre mondiale.

La ratification de la capitulation eut lieu au quartier général soviétique à Berlin. Le Maréchal Joukov en tant que représentant du Haut Commandement soviétique avait son quartier-général à Karlshorst, un quartier situé à l’ est de la ville, dans une ancienne école du génie de l’ armée allemande qui n’ avait pas été endommagée. Il y invita les représentants des puissances victorieuses alliées parmi lesquelles on comptait maintenant aussi la France. Les commandants en chef des différentes armes allemandes furent convoqués à Berlin.

Ancien mess des officiers de l’école du génie 1 de la Wehrmacht et théâtre de la reddition inconditionnelle de l’ Allemagne à Berlin-Karlshorst, le 8 mai 1945

Photo : Timofej Melnik, Museum Berlin-Karlshorst

ARRIVÉE À TEMPELHOF

Dans la journée du 8 mai 1945, l’ensemble des parties signataires de l’acte de capitulation arrivèrent à l’aéroport de Tempelhof.

Côté Alliés, le secrétaire d’État soviétique Vyshinsky atterrit le matin. Il fut rejoint le midi par le maréchal de l’air britannique Tedder et le commandant des forces aériennes américaines, le général Spaatz. L’après-midi, le général Jean de Lattre de Tassigny, commandant en chef de l’armée française, arriva lui aussi.

Partie de Flensbourg, la délégation allemande voyagea à bord d’un avion américain. C’est là-bas que s’était retiré début mai le dernier gouvernement allemand du Reich, dirigé par le grand-amiral Dönitz.

Des soldats soviétiques accueillirent tous les invités à l’aéroport de Tempelhof et les conduisirent à travers le centre-ville dévasté jusqu’au quartier résidentiel de Karlshorst, pratiquement intact.

Les hauts commandants de la Wehrmacht allemande après leur arrivée à l’aéroport de Tempelhof, Berlin, le 8 mai 1945

Photo : Iwan Schagin, Museum Berlin-Karlshorst

Pont Oberbaum et grenier à blé, Berlin, 30 avril 1945

Photo : Timofej Melnik, Museum Berlin-Karlshorst

Itinéraire reconstitué des délégations entre Tempelhof et Karlshorst

Illustration : Christine Kitta

PRÉPARATIFS AVANT LA SIGNATURE

La grande salle de l’ancien mess des officiers de l’école du génie fut préparée à la dernière minute. Outre les principaux protagonistes, de nombreux journalistes, des membres des états-majors militaires alliés, des traducteurs et des assistants s’y réunirent.

La cérémonie fut cependant repoussée de plusieurs heures. Il fallut encore rédiger une version russe du document, jusque-là uniquement disponible en anglais. Des adaptations stylistiques furent nécessaires, mais la teneur du document signé la veille à Reims resta inchangée. Les discussions par radio prolongèrent le processus.

Par ailleurs, il manquait encore un drapeau français au fond de la salle. Seuls les drapeaux soviétique, britannique et américain avaient été installés, si bien que le drapeau français dut être fabriqué à l’improviste à partir de chutes de tissus.

Finalement, il fallut attendre minuit pour voir tous les préparatifs achevés.

Vue de la salle de la capitulation, Berlin-Karlshorst, 8 mai 1945

Photo : inconnu, Museum Berlin-Karlshorst


La délégation du Haut Commandement allemand est conduit dans le bâtiment où la capitulation sera signée, Berlin-Karlshorst, le 8 mai 1945

Les commandants en chef des forces armées allemandes (de g. à dr. : le général Stumpff, le maréchal Keitel, l’ amiral von Friedeburg)

Photo : Timofej Melnik, Museum Berlin-Karlshorst

L’ ACTE DE CAPITULATION

Ce n’est qu’à minuit que tous le monde impliqué purent se réunir pour la signature, qui était attendue avec impatience. Le 9 mai, vers 0h45, les commandants en chef allemands de l’ armée de terre, de la marine et de l’ armée de l’ air, à savoir le maréchal Keitel, l’amiral von Friedeburg et le général d’ armée Stumpff (en tant que représentant du commandant en chef de l’ armée de l’ air allemande, le maréchal von Greim), signèrent l’ acte de capitulation daté du 8 mai. Keitel était, de plus, chef du Haut Commandement des forces armées allemandes (OKW).

Ensuite, le maréchal de l’ Air Tedder pour le commandement suprême allié et le maréchal Joukov pour le commandement suprême soviétique apposèrent leur signature au bas du document. Le général de l’ armée de l’ air américaine Spaatz et le général français de Lattre de Tassigny signèrent à titre de témoins.

La cérémonie dura à peu près trois quarts d’ heure en tout. Aucune déclaration politique ne fut faite. On se contenta de la signature.

Une fois que la délégation allemande eut quitté la salle, Joukov prononça une brève allocution. Le banquet qui suivit se prolongea jusqu’ aux petites heures de la nuit.

La délégation pénètre dans la salle, Berlin-Karlshorst, le 9 mai 1945

La maréchal Keitel brandit son bâton de maréchal en signe de salut.

Photo : Iwan Schagin, Museum Berlin-Karlshorst

Les commandants en chef de la Wehrmacht. Assis de g. à dr. : le général Stumpff, le maréchal Keitel, l’ amiral von Friedeburg

Photo : Timofej Melnik, Museum Berlin-Karlshorst

Signature de l’ acte de capitulation par le maréchal de l’ air Tedder et le maréchal Joukov

Photo : Timofej Melnik, Museum Berlin-Karlshorst

Pendant le banquet. Assis de g. à dr. : Le maréchal de l’ air Tedder, le maréchal Joukov, le général Spaatz

Photo : inconnu, Museum Berlin-Karlshorst

ACTE DE CAPITULATION

Acte de capitulation. Des exemplaires en anglais, en russe et en allemand ont été signés à Karlshorst.

Bundesarchiv-Militärarchiv, Fribourg-en-Brisgau

SOUVERNIRS

Les photographes et les cameramen ne se sentent plus de joie. Ils sautent sur les tables, present leurs ventres contre les épaules des généraux et les mitraillent sans arrêt … L’ un de nos cameramen frôle la tête d’ un amiral américain avec son appareil. L’ amiral qui a apparemment l’ habitude de l’ agitation des reporters, rit gentiment et fait un signe de dénégation : ‹ Okay ! › Mais les members de notre service d’ ordre auxquels ces habitudes sont inconnues, auraient plutôt envie de mettre ce pauvre gars à la porte.

Extrait de : Konstantin M. Simonow, Kriegstagebücher, 2 tomes, Berlin/DDR 1988, tome II, p. 805

 

Keitel se leva rapidement en jetant un regard hostile vers la présidence, puis baissa les yeux, prit lentement son baton de maréchal qui était posé sur la table et vint vers notre table d’ une démarche incertaine. Son monocle tomba et se balançait au bout de sa cordelette ; son visage se couvrit de taches rouges. … Après la signature, Keitel se leva, enfila son gant droit et essaya de nouveau de jouer les fringants militaires. Il n’ y réussit toutefois pas et retourna en silence à la table qui lui était destinée.

Extrait de : Georgi K. Shukow, Erinnerungen und Gedanken, 2 tomes, Berlin/DDR 1983, Tome II, p. 363

 

Et soudain, la tension qui s’ est accumulée se libère. Elle s’ envole comme si tous avaient retenu longtemps leur souffle, qui s’ échappe maintenant au même moment de leur poitrine. Tous lâchent un soupir de soulagement et d’ épuisement. La capitulation est scellée, la guerre est finie.

Extrait de : Konstantin M. Simonow, Kriegstagebücher, 2 tomes, Berlin/DDR 1988, tome II, p. 807

 

Une heure plus tard, nous retournâmes dans la salle où la capitulation avait été signee et nous trouvâmes toutes les tables parfaitement mises pour un grand banquet, ce qui voulait dire qu’ on en avait au moins pour six heures. A côté de chaque couvert, se trouvaient des bouteilles : du vin rouge, du vin blanc, du champagne, de la vodka et du cognac, une dose aussi mortelle qu’ à peine imaginable. Rien d’ étonnant donc à ce qu’ on déplorât un grand nombre de pertes humaines dues à l’ alcool. Je fus heureux qu’ aucun representant britannique ne se trouvât parmi eux.

Extrait de : Arthur Tedder, With Prejudice. The War Memoirs of Marshal of the Royal Air Force Lord Tedder, Londres 1966, p. 686

 

Le banquet se termina aux petites heures du matin par des chansons et des danses. Les généraux soviétiques sont imbattables dans ce domaine. Moi-même, je n’ ai finalement plus résisté ; je me sentais tout rajeuni et je fis une démonstration réussie d’ une danse populaire russe.

Extrait de : Georgi K. Shukow, Erinnerungen und Gedanken, 2 tomes, Berlin/DDR 1983, Tome II, p. 364

Des photographes immortalisent la signature de la capitulation par le maréchal Keitel, Berlin-Karlshorst, 9 mai 1945

Photo : Georgi Petrussow, Bundearchiv, image 183-J0422-0600-002

RÉACTIONS

La capitulation de l’ armée allemande en mai 1945 mit seulement fin à la guerre en Europe. La Seconde Guerre mondiale ne se termina qu’ à la capitulation du Japon début septembre 1945.

Après la proclamation de la capitulation allemande le 8 mai, les peuples du monde entier fêtèrent la victoire sur le fascisme allemand. Dans de nombreuses villes, des défilés eurent lieu spontanément en signe d’ allégresse. Par exemple, le 9 mai à Moscou où la capitulation ne fut annoncée qu’ après la signature à Berlin-Karlshorst.

Mais la fin officielle de la guerre en Europe ne signifie pas la fin des souffrances. Des conflits armés ont éclaté en Europe de l’ Est jusque dans les années 1950, notamment contre la domination soviétique. Les conséquences de la guerre furent énormes sur tout le continent. De nombreuses régions ont été dévastées. La faim et la misère régnaient presque partout. La guerre a fait 60 millions de victimes. L’ Union soviétique a perdu à elle seule plus de 27 millions de personnes, dont environ 14 millions de civils.

Alors que les dommages matériels furent réparés progressivement au cours des années qui suivirent, les effets physiques et psychiques de la Seconde Guerre Mondiale influencent encore de nos jours les hommes et les sociétés.

Fête de la Victoire improvisée de soldats soviétiques dans la cour intérieure de la Chancellerie du Reich le matin qui suivit la signature de la capitulation, Berlin, le 9 mai 1945

Photo : inconnu, bpk Bildagentur, Berlin

La foule faisant la fête sur la Place Rouge à Moscou, 9 mai 1945

Photo : Timofej Melnik, Museum Berlin-Karlshorst

V-E-Day à Londres, 8 mai 1945

Photo : inconnu, bpk Bildagentur, Berlin

« Hier matin, l’ inoubliable s’ est produit. Les Allemands ont accepté la capitulation complète et inconditionnelle. Les journaux l’ ont rapporté brièvement mais solennellement. »

C’ est ce que nota dans son journal un soldat russe le 10 mai 1945. Extrait de : Vladimir Gelfand, Deutschland-Tagebuch 1945–1946. Aufzeichnungen eines Rotarmisten, Berlin 2005, p. 85.

 

« Le 8 mai, nous avons reçu la bonne nouvelle de la fin de la guerre et de la capitulation de l’ Allemagne, exactement trois ans après la destruction du ghetto de Žalúdok. Tout le monde était très excité, à part nous, les quelques réfugiés de la ville. Pour nous et dans notre coeur, une tragédie commençait à se déployer. Nous marchions sans but parmi les gens en fête. J’ étais extrêmement inquiet. Est-ce que j’ allais retrouver un membre de ma famille vivant ? Je n’ avais reçu aucune réponse aux lettres que je n’ avais cessé d’ écrire, et entre-temps, cela faisait déjà quatre mois que mon pays était libéré. Mes craintes augmentaient à chaque instant. »

Moshe Beirach, récit d’ un partisan juif : dem Ghetto in die Wälder. Bericht eines jüdischen Partisanen 1939–1945, Frankfurt a. M., p. 184 et suivantes.

 

« Quelques jours après notre retour, on entendit un soir une fusillade comme aux moments les plus terribles. Je me suis mise à trembler comme une feuille. Pendant la guerre, je m’ étais comportée avec courage, j’ avais toujours gardé mon calme, n’ emportant que le strict nécessaire quand nous allions à la cave. Et maintenant, c’ est ce que je pensais, le front était de nouveau là. Les Allemands reviennent. Ça recommence. J’ ai tout fourré en vrac dans mon sac à dos. Je suis incapable de décrire l’ état dans lequel je me trouvais. Quelqu’ un a crié dans la cour intérieure : ‹ Les Russes font un feu d’ artifice › ! Ils ont tiré en l’ air avec tout ce qu’ ils avaient, un feu d’ artifice, un feu d’ artifice de paix. »

Souvenirs d’ une femme de Prenzlauer Berg, cité dans : Antonia Meiners, Berlin 1945 : Une chronique en images, p. 70.

Fêtes de la victoire en France, 8 mai 1945

Photo : inconnu, akg images, Berlin

V-E-Day à New-York, 8 mai 1945

Photo : inconnu, akg images, Berlin

LÉGENDES ET FAITS

Après 1945, la Guerre froide influença l’ interprétation des deux actes de capitulation de Reims et de Berlin-Karlshorst. Chaque côté avait sa propre vision de l’ histoire. Certaines informations fausses et légendes se maintiennent opiniâtrement jusqu’ à nos jours.

 

  • L’ armée allemande aurait capitulé le 7 mai à Reims devant les forces alliées occidentales, le 8 mai à Karlshorst devant les forces soviétiques.

Les deux actes ont eu lieu devant des représentants de tous les Alliés, donc des forces britanniques, américaines et soviétiques, les représentants des forces françaises étant admis comme témoins.

 

  • À Reims on n’ aurait pas signé de capitulation, mais seulement un procès-verbal préparatoire. Le veritable acte de capitulation n’ aurait été signé que le 8 mai à Karlshorst.

La capitulation à Reims était juridiquement valable. L’ Union soviétique était aussi de cet avis, mais on le passa sous silence pendant la Guerre froide.

 

  • Le refus de Staline de reconnaître la capitulation de Reims et ses protestations auraient contraint à une deuxième cérémonie, destinée à l’ opinion publique, à Karlshorst.

A Reims, la délégation allemande avait déjà un procès-verbal additionnel qui prévoyait la ratification de la capitulation par le commandant en chef des forces armées allemandes et les commandants en chef des différentes armes. Les Britanniques en particulier avaient insisté pour que la signature du chef de l’ état-major de l’ armée allemande, Jodl, un officier sans responsabilité opérationnelle, soit confirmée par les signatures des détenteurs de la responsabilité opérationnelle.

 

  • Des divergences entre les Alliés sur le texte seraient à l’ origine du report de la signature après minuit.

L’ ajournement de la signature de l’ aprèsmidi du 8 mai à minuit est dû à des motifs techniques. A Reims, on n’ avait signé qu’ un seul document en anglais. On ne réussit que fragmentairement à transmettre la traduction russe. La signature eut lieu vers 0h45 (heure d’ été d’ Europe centrale), soit 23h45 (heure de l’ Europe occidentale) ; à Moscou, il était déjà 2h45. Le 9 mai, date de la proclamation de la capitulation à Moscou, y est considéré comme la fin officielle de la guerre.

KARLSHORST : LE LIEU DE NAISSANCE DU MUSSÉE

En 1967, un musée ouvrit ses portes sur le lieu historique où il avait été mis fin à la guerre. Après 1945, l’armée soviétique avait continué à utiliser l’ancien mess des officiers. Le bâtiment baptisé « Musée de la capitulation » fut créé pour les militaires soviétiques stationnés en RDA. Mais il était également ouvert au grand public.

Avec le retrait des troupes soviétiques/russes, la République fédérale d’Allemagne et la Fédération de Russie décidèrent conjointement en 1994 de conserver le site du musée. Toutefois, l’exposition dut être fondamentalement repensée.

Le nouveau musée fut inauguré en mai 1995, sous l’égide d’une association composée au départ d’institutions allemandes et russes. Dans les années qui suivirent, il fut complété par les musées de l’histoire de l’Ukraine et de la Biélorussie durant la Seconde Guerre mondiale.

Depuis le 24 février 2022, date à laquelle la Russie a massivement étendu sa guerre contre l’Ukraine en violation du droit international, le musée est confronté à des questions de principe : à quoi peut ressembler à l’avenir une base institutionnelle solide ? Quelles sont les adaptations nécessaires sur le plan du concept et du contenu ? Des réflexions sont en cours sur ces questions.

Hall d’entrée du musée 1967, 1995 et 2013

Photos : Jürgen Querbach (1991/92), Margot Blank (1995/96), Thomas Bruns (2013), Museum Berlin-Karlshorst

Vue sur le bâtiment du musée, mai 2022

Photo : Harry Schnitger, Museum Berlin-Karlshorst

IMPRÉSSUM

Museum Berlin-Karlshorst
Directeur : Dr. Jörg Morré
Conception : Dr. Babette Quinkert
Conservateurs : Margot Blank, Dr. Jörg Morré, Dr. Babette Quinkert
Graphisme de l’exposition : Christine Kitta
Traduction: probicon GmbH